Qu'est-ce que la Loi ?

Publié le par Shadokskaïa

balance-justice.jpgVous vous souvenez des Plaideurs de Racine ? Ils sont à leur aise en ce moment.

On légifère, on légifère, on empile loi sur loi, décret sur décret, arrêt sur arrêt, nul citoyen n'est sensé ignorer la loi, la bonne blague !

Sans être plus juriste que cela, on peut quand même s'interroger sur ce qu'est devenue la Loi dans notre pays. Nous sommes encore dans une démocratie, du moins tout le monde nous en assure,  et nous ne nous gênons pas pour donner des leçons ( armées parfois ) de démocratie au reste du monde. Soit. Donc un citoyen, par l'intermédiaire de ses représentants, a pouvoir sur les lois qui régissent son pays démocratique. 

Nous pouvons alors supposer que ces lois ne sont pas faites n'importe comment, ni dans un but de destruction de la société, ce serait un comble.

Nos lois maintiennent la cohésion sociale. Elles nous permettent de vivre ensemble. Souvenons-nous de la Déclaration de 1789 : les bornes des libertés individuelles sont fixées par la loi, qui ne défend QUE les actions nuisibles à la société, et "l'exercice des droits naturels de chaque homme n'a de bornes que celles qui assurent aux autres membres de la société, la jouissance de ces mêmes droits."

 

Or,  à quoi assistons-nous ? Trois exemples :

projet de loi sur l'utilisation du jeu vidéo : cela devrait être restreint à deux heures par jour. Comment faire appliquer cette loi ? Nul ne le dit. Installer des Big Brothers dans chaque chambrée ? Permettre aux parents de brandir le code comme arme ultime ? Leur donner la possibilité d'appeler la Police ? - que non point. Voici une loi qui ne servira à rien - ou peut-être à augmenter les achats des no-life, qui au lieu d'un jeu joueront à deux ou trois le même jour. La belle avancée que voilà.

Par contre, quelle jolie loi pour remonter le moral : enfin le législateur se penche sur le problème. Il n'en fait rien, mais il en cause. Et on en causera à l'école. C'est vrai que l'école a pour charge complète de remplacer les parents, et avec des heures diminuées il faudra bientôt penser à supprimer les heures de leçons, qui empiètent sur les heures d'éducation à : la sexualité, la drogue, les addictions, la route, la politesse etc etc. 

 

Quelle jolie loi pour satisfaire les anti-fumeurs, car les fumeurs paieront, via taxe, les frais et dépenses occasionnés aux sociétés de jeux vidéo: parce que ces sociétés ne sont pas plus responsables que les parents, c'est une cause entendue. Les responsables de l'addiction au jeu de certains mineurs sont les fumeurs, c'est limipide, je ne vois même pas pourquoi je le remarque.

Evidemment, d'un point de vue éducatif, expliquer à des enfants que les responsables, parents ou entreprises, ne sont pas responsables, on pourrait ironiser. Dieu m'en garde, comme disait ma tante Marthe.

 

L'autre exemple : la burqa. Que d'histoires et de haines soulevées par une loi. Que d'incompréhension, de nombrilisme, de prétextes à parler de tout et n'importe quoi. On aurait pu, comme les belges, faire une loi générique, et interdire de se déguiser dans la rue.

On aurait pu, si, au lieu de nous diviser, nous avions voulu une loi égale pour tous, interdire tout signe à connotation religieuse dans les espaces publics et sur la voie publique. "Connotation", cela permet au passage d'éviter les débats invraisemblables pour un athée français de base sur le fait de savoir si c'est ou pas un vrai signe religieux. Le fait que ce signe renvoie à une religion suffit, avec le bête emploi de ce mot-là.

Par ce moyen, tous les citoyens étaient égaux devant la loi et cette loi nous mettait tous, sans tenir compte des différentes et multiples religions qui ont cours en France, sur un même pied d'égalité, et personne n'en parlait plus. La France affirmait sa Laïcité absolue et c'était très bien.

Au lieu de ça, on prend juste un signe, une religion, des origines très spécifiques, une population concernée microscopique sur notre territoire et on en fait un drame national, donnant lieu à toutes les dérives, tous les débats, sauf le plus important : comment peut-on imposer une loi qui éclate les citoyens entre eux, et ne les met pas sous un pied d'égalité ?  

 

Et comme, dans la politique du pire, il faut monter, dernier exemple en date : les propos de vendredi à Grenoble, qui inventent deux citoyens français. Le français-français et le français-pas assez.

Le français-français peut s'en prendre aux forces de police, avec les conséquences habituelles.

Le français-pas assez, s'il joue à cela, en plus des conséquences habituelles, ira se chercher une nouvelle nationalité ( puisqu'on ne parle pas des accédants à la nationalité, qui peuvent en être déchus sans qu'on se mette à nous inventer une loi qui existe déjà. )

 

Au lieu de durcir la loi pour TOUS, il a fallu, encore une fois, jouer, en jouant de l'outil législatif, à nous diviser, et encore et encore.

 

Or, si nos lois, que nous acceptons, puisqu'il paraît que nos députés nous représentent, ne visent qu'à diviser le corps social, en catégories multiples dressées les unes contre les autres, alors nos lois ne sont plus acceptables.

 

Je me permets de rappeler le douloureux souvenir de représentants du peuple qui ont osé braver le vote du peuple, en votant oui à la nouvelle constitution européenne, alors que le peuple avait voté non.

 

Comment accepter encore de dire que la France est un Etat de Droit, alors que le Droit, tel qu'il est utilisé en ce moment, ne vise qu'à détruire notre société ?

 

Il est temps, citoyens, d'exiger le rétablissement de l'Etat de Droit, Etat de Droit qui n'a pour fonction que de maintenir la cohésion d'une société. Le droit n'est pas là pour faire plaisir sans servir à rien d'autre, n'est pas là pour nous diviser, n'est pas là pour nous conduire à la guerre civile, qui nous pend au nez, à force d'à force.

Et pour cela, il faut que les citoyens soient tous d'accord sur ce que doit être une loi. Non?

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